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28 décembre 2024

La terrible défaite de la démocratie

Oui, nous le savons, le seul régime qui peut s’auto-détruire est la démocratie.

Ainsi, par le vote, les électeurs peuvent élire un adversaire de la démocratie républicaine libérale et c’est ce qui vient d’advenir aux États-Unis.

Et, cette fois-ci, pas de doute sur la victoire de Donald Trump qui l’emporte en nombre de voix sur Kamal Harris ce qu’il n’avait pas réussi à faire en 2016 face à Hillary Clinton, bénéficiant alors d’un système électoral d’un autre âge, toujours en place.

Si 2016 avait été un choc, 2024 est un séisme qui peut conduire la première puissance mondiale et jusqu’à présent plus vieille démocratie de la planète vers une autocratie voire pire.

Nous n’en sommes pas encore là mais réélire un personnage comme Trump alors que sa première présidence avait été catastrophique, qu’il avait tenté un coup d’Etat en 2021 pour ne pas quitter la pouvoir et qu’il a tenu des propos mêlant insultes, mensonges, élucubrationismes (théories du complot) et menaces contre tous ceux qui sont ses opposants, promettant des mesures antidémocratiques à la pelle et montrant des signes évident d’incapacité mentale à diriger un pays, est au-delà de ce que l’on pouvait imaginer de la part d’un peuple d’un pays du monde libre.

Cependant, il faut le dire, je ne suis pas surpris plus que ça de cette victoire.

Depuis tant d’années que je parle de ce délitement de la démocratique républicaine et des valeurs humanistes, que nous voyons devant nous monter les régimes autocratiques et totalitaires, que nous constatons la montée des extrémismes populistes dans les démocraties, la victoire de Trump est somme toute normale, la normalité étant juste ce qui doit se passer par rapport à une situation objective.

Mais celle-ci démontre l’échec du projet démocratique qui, je le rappelle une énième fois, était de créer un régime de liberté et d’égalité avec des citoyens c’est-à-dire des individus formés et informés pour devenir des personnes responsables de leur actes et de leur vie, capables de se prendre en charge dans le respect de l’individualité et de la dignité de l’autre.

Or, la constatation est devant nous: la majorité des électeurs étasuniens ne correspond pas à cette définition.

Mais ils ne sont pas les seuls considérant, par exemple, qu’en France le vote pour les partis extrémistes et populistes sont majoritaires et que le premier parti du pays depuis les élections législatives de juillet est le RN de la famille Le Pen.

La démocratie serait-elle inaccessible et une utopie vouée à disparaître faute de capacités des humains à s’élever à son espérance?

C’est possible d’autant qu’il ne faut jamais oublier que son existence dans l’Histoire humaine est une goutte d’eau, de moins de 250 ans.

Et que le premier pays à l’avoir mis en place est en train de la détricoter.

Le vote des Américains n’enlève pourtant pas cette réalité que la démocratie républicaine est le meilleur système qui puisse exister et que les valeurs humanistes sont indépassables.

Un système qu’il doit être considéré comme «naturel» en ce qu’il est le plus respectueux de la dignité et de l’individualité de chaque humain, c’est-à-dire qu’il est la référence ultime de l’organisation de toute société humaine.

C’est en ce sens que j’ai dit ici qu’il ne devait jamais être possible, même par une élection, de le remettre en cause.

Certains objecteront que la démocratie a déjà connu des crises bien plus paroxystiques avec sa destruction dans des pays comme l’Allemagne ou l’Italie, remplacée par le nazisme et fascisme et qu’elle a ensuite triomphé.

Certes.

Sauf que l’implantation de la démocratie dans des pays comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne à l’époque et plus près de nous, la Russie étaient fort récente avant leur effondrement.

Ce qui n’est évidemment pas le cas aux États-Unis.

Sauf que, apparemment, les humains n’en ont tiré aucune leçon et s’apprêtent donc à retenter l’expérience qui, in fine, mena le monde à la plus grande boucherie que l’Humanité est produite à ce jour et pourtant elle n’en a pas été avare espèce durant son histoire…

Quoi qu’il en soit, avec la victoire de Trump (ainsi qu’un Congrès et une Cour Suprême dominés par les républicains extrémistes) mais aussi les menaces sur tous les pays démocratiques sans exception, des jours sombres sont devant nous.

Alexandre Vatimbella

 

14 décembre 2024

La victoire de Trump démontre que la démocratie et les valeurs humanistes ne sont pas une seule et même chose

Comme le proclamait Abraham Lincoln sur le champ de bataille de Gettysburg encore rougi par le sang des combattants de la guerre civile américaine, la démocratie c’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.

Cette définition largement acceptée ne dit absolument rien des valeurs que doit défendre cette démocratie au-delà de donner la parole au peuple pour qu’il élise ses représentants (ou qu’il s’auto-administre) pour le servir.

Mais un peuple qui choisit un autocrate qui tourne le dos aux valeurs humanistes est-il légitime vis-à-vis de ce que doit être un régime démocratique?

La réponse est oui.

Il est élu par le peuple telle que la définition le stipule et sa seule mission est de gouverner en faveur de ce peuple qui, ayant choisi sciemment comme c’est le cas aux États-Unis, un ennemi des valeurs humanistes, sera donc servi par rapport à ses attentes et son choix dans les urnes.

C’est pourquoi, comme d’autres, je milite depuis longtemps pour que ce que l’on appelle aujourd’hui la «démocratie républicaine libérale» soit porteuse de valeurs qui garantissent les droits «naturels» des individus, que ceux-ci soient consubstantiels  à celle-ci, voire que l’on change, aussi, le nom de ce régime en cours dans les démocraties du monde entier mais qui ne peut être limité à la définition de Lincoln.

Qu’on appelle ce régime «respectocratie», «dignitocratie», «humanocratie» ou d’un autre nom peu importe, c’est ce qu’il recouvre qui est important.

Un tel régime aurait donc empêché un Trump d’être élu voire même de pouvoir se présenter (c’est d’ailleurs à ce moment du processus démocratique et électoral que tout ennemi de la démocratie doit être exclu de celui-ci avec la mise en place de procédures contraignantes et accompagnée d’une responsabilité pénale en cas de non-respect des serments de fidélité) tout comme cela aurait été le cas pour Hitler, Mussolini ou Erdogan, par exemple, pour tous les autocrates et dictateurs qui se firent élire par le peuple.

Alexandre Vatimbella

07 novembre 2024

De la cobelligérance qui unit les extrémistes en vue de détruire la démocratie républicaine

Mais d’où vient cet improbable rapprochement entre des «chrétiens» et des «païens» qui forment cette coalition extrémiste et populiste – parfois appelée majorité morale – qui a pris le contrôle du Parti républicain et menace la démocratie américaine?

De 1970 et de la théorie de la cobelligérance d‘un certain Francis Schaeffer, un évangéliste extrémiste.

Celui-ci demandait: «Dieu a utilisé les païens pour faire son travail dans l’Ancien Testament, alors pourquoi nous ne les utiliserions maintenant pas pour faire notre travail?»

Une sorte de compagnonnage de route avec impies face au diable!

Et c’est cette cobelligérance avec des gens qui ne partagent guère leur foi et non une alliance développées par ces chrétiens fondamentalistes que l’on retrouve dans les propos actuels des évangéliques les plus radicaux qui avouent sans difficultés que Trump n’est pas de leur bord et est un pêcheur voué à l’enfer mais qu’il a été désigné par Dieu pour accomplir son travail en luttant contre toutes les lois et les décisions libérales adoptées depuis les années 1960, allant du droit à l’avortement à la suppression de l’obligation de la prière dans les écoles publiques.

Mais cette cobelligérance théorisée pour permettre des combats communs entre fondamentalistes religieux et mécréants aux États-Unis a été élargie et récupérée.

Élargie avec, par exemple, son utilisation pour justifier l’alliance entre ces fondamentalistes chrétiens américains et les juifs orthodoxes, notamment ceux d’Israël, avec comme raison la lutte commune contre l’Islam, sachant que cela n’évitera pas, in fine, selon ces chrétiens l’obligation pour les Juifs de se convertir avant le jugement dernier pour ne pas se retrouver pour l’éternité à rôtir dans les flammes de l’enfer…

Récupérée parce qu’elle sert aujourd’hui de stratégie à des forces politiques opposées dans leur combat contre la démocratie républicaine.

Ainsi, on la voit en œuvre en France lorsque l’extrême-gauche et l’extrême-droite votent de concert à l’Assemblée nationale comme ce fut le cas, par exemple, pour plusieurs motions de censure contre un gouvernement d’axe central.

De même, l’alliance improbable mais bien réelle entre LFI et l’islamisme dans ce que l’on appelle l’islamo-gauchisme procède de la même idée d’une lutte commune contre les valeurs de la démocratie républicaine.

On peut également retrouver ce concept dans le rapprochement des totalitarismes de la planète qui se réclament pourtant d’idéologies complètement opposées comme le nationalisme d’extrême-droite du régime de Poutine en Russie, le communisme du régime de Xi en Chine et l’islamisme du régime des mollah en Iran, rapprochement tourné avant tout contre la démocratie républicaine et mû par leur volonté commune de l’éradiquer de la planète.

On l’a compris, le seul ennemi commun dans toutes ces ententes est cette démocratie républicaine, ses valeurs humanistes et sa volonté d’émancipation de l’individu dans un régime de liberté et d’égalité où chacun peut vivre son individualité dans la dignité et être le responsable de son projet de vie tout en respectant les autres.

Mais, bien évidemment, cette cobelligérance contient en elle-même une lutte à mort entre ceux qui, par stratégie conjoncturelle, la pratiquent de concert.

Ainsi du rapprochement entre les fondamentalistes chrétiens et l’extrême-droite athée aux États-Unis, des votes communs de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite en France et de l’entente des dictatures aux régimes antagonistes.

Car, in fine, dans ces couples voire plus, il faudra un vainqueur qui ne pourra laisser de place à l’autre.

Reste qu’avant d’en arriver à la lutte finale, cette cobelligérance est une réalité bien décidée à faire la peau à la démocratie.

Alexandre Vatimbella

 

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