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26 mai 2023

Pour un grand ministère de la citoyenneté

Que faut-il pour exercer réellement sa citoyenneté dans une démocratie républicaine?

On pourrait répondre, dans une sorte de tautologie, en étant citoyen!

Car être citoyen demande plus que de naître dans un pays, d’en avoir la nationalité et les droits et devoirs qui y sont attachés.

On a bien alors la dénomination légale de citoyen mais en a-t-on la qualité politique?

Par qualité, je parle de capacité.

En effet, être citoyen formel ne permet pas d’être un citoyen responsable de sa vie, de ses actes et de ses choix.

Pour cela, il faut avoir la connaissance, savoir s’en servir pour ses intérêts et ceux de sa communauté.

Il faut connaître ses droits et ses devoirs afin de les maximiser au mieux pour soi et la société dans laquelle on vit.

Posséder la qualité de citoyen demande ainsi d’être éveillé et au courant.

Cela ne requiert pas d’être d’une intelligence supérieure mais d’ avoir reçu une bonne formation (l’enseignement scolaire et extra-scolaire, l’éducation familiale, l’auto-culturation) et d’avoir accès à une bonne information.

De plus, il faut bénéficier et profiter de droits comme ceux qui s’attachent à la liberté, à l’égalité, au respect de sa dignité et à sa sécurité.

Tout ceci concoure au même objectif: faire de l’individu une personne qui possède la qualité de citoyen.

Il y a donc une cohérence à regrouper la formation, l’information et la défense des droits de l’humain dans un grand département ministériel pour donner plus de force et de cohérence à ce qui permet l’acquisition effective de la citoyenneté et non seulement une carte d’identité.

Précisions que lorsque l’on parle d’information, il s’agit avant tout de permettre à toute personne de pouvoir avoir accès à un service public dont la mission est de donner la priorité aux faits et à leur explication avec le plus d’objectivité possible.

Il s’agit aussi de contrôler que la presse commerciale et d’opinion respecte aussi les fondamentaux du journalisme et les lois mais sans interférer évidemment sur sa liberté d’expression.

La création d’un ministère de la citoyenneté, au vu de l’histoire des démocraties et des résultats en ce domaine, est essentiel si l’on veut enfin que le projet démocratique soit une réalité et non largement fictionnel.

L’échec de l’existence de ce citoyen responsable de sa vie démontre une large faille dans ce projet alors qu’il était au centre même de celui-ci selon les pères fondateurs de la démocratie moderne que ce soit aux Etats-Unis ou en France.

Mais il semble que eux et leurs héritiers – tout en répétant sans cesse l’importance de cette entreprise –  n’ont pas assez pris en compte le gigantesque effort que cela nécessitait en termes de moyens tant matériel qu’humain.

Un tel ministère démontrera la volonté de réaliser l’ambition du projet démocratique et que la liberté, l’égalité et la fraternité ne soient plus seulement une devise sur le fronton des édifices publics mais la réalité de ce que vit chaque citoyen.

Alexandre Vatimbella

 

25 mai 2023

Et si les médias empêchaient l’émancipation du citoyen

Que ce soit par motivation commerciale ou idéologique, les médias ne remplissent pas leur devoir citoyen de délivrer une information la plus juste et la plus objective possible (sachant que la «vérité» est un leurre er que l’objectivité totale impossible).

Bien sûr, selon leurs orientations politiques – sauf pour les médias de service public –, libres à eux, ensuite, de la commenter et de donner leur opinion.

Ce dont je parle est la matière première, les faits, qui, rapportés au plus près de la manière dont ils se sont déroulés, font la véritable information journalistique.

Et cela a une conséquence capitale: l’impossible émancipation du citoyen car celui-ci a besoin de cette information citoyenne pour qu’il puisse, grâce à sa formation (enseignement par l’école et autres moyens de se cultiver), être capable d’être responsable de son projet de vie mais aussi de ses actes.

Pour prendre la mesure de ce que cela représente comme carence dans le processus qui permet au citoyen d’être capable de prendre des décisions concernant ses intérêts et ceux de sa communauté en se basant sur des informations les plus proches possibles de la réalité, imaginons que l’on enseigne à l’école que la Terre est plate, que ce sont les autres planètes et le soleil qui tournent autour d’elle et que les autres étoiles ne sont que des ampoules accrochées à la voûte céleste.

Ou imaginons que pour soigner le cancer, on lui enseigne qu’il faille faire des saignées et traiter les «humeurs».

Comment, dans ces conditions, le citoyen pourrait-il appréhender en toute connaissance de cause et vivre libre dans un monde où il aurait sciemment trompé par l’enseignement qu’il a reçu?

Eh bien, nous sommes proche de cette configuration avec les dérives de plus en plus nombreuses et de plus en plus graves des médias avec la réalité.

Je ne plaide pas pour revenir un âge d’or qui n’a jamais existé dans la presse où ces manquements au devoir d’informer ont toujours été présentes.

Le journalisme du 19e siècle et du début du 20e siècle en France était aussi gangréné par les intérêts commerciaux et idéologiques.

Pendant longtemps le commentaire était valorisé par rapport à la description des faits.

Néanmoins, une avancée dans l’information citoyenne avait eu lieu avec cette idée que le journalisme avait une mission didactique qui était de lui donner les éléments factuels essentiels à son émancipation.

La Charte de déontologie du journaliste rédigée par le SNJ (Syndicat national des journalistes) en 1918 et qui servira plus tard de modèle à la Fédération européenne des journalistes pour sa Charte dite de Munich en 1971, démontrait cette volonté.

Tout n’était pas parfait mais il semblait que les avancées dans ce domaine étaient irréversibles.

Malheureusement le troisième millénaire naissant allait connaître une régression spectaculaire dans cette mission libératrice.

On peut bien sûr pointer l’émergence d’internet et des réseaux sociaux vis-à-vis desquels la presse traditionnelle, après une tentative de résistance, se calqua sur leurs codes pour le pire.

Cependant, ce serait trop facile de trouver uniquement des responsables extérieurs de cette dérive.

Parce que la déontologie journalistique aurait dû l’empêcher, ce qui n’a pas du tout était le cas, démontrant que les journalistes et les propriétaires des médias n’avaient aucunement comme but cette information citoyenne mais que la concomitance entre celle-ci et leurs intérêts commerciaux et idéologiques était conjoncturelle et non structurelle.

Nous voilà donc dans un monde où ni la réalité des faits, ni leur hiérarchie, ni leur importance pour l’information du citoyen ne sont des priorités absolues.

Nous voilà dans un monde où les faits ne sont plus la matière première pour informer mais, par leur manipulation, pour raconter des réalités alternatives qui servent l’intérêt, non pas du citoyen, mais du média, de ses intérêts commerciaux et/ou idéologiques.

Tout cela a une conséquence désastreuse pour le projet démocratique qui ne peut exister sans un citoyen qui, pour être, émancipé et responsable, doit être correctement formé et informé.

Alexandre Vatimbella

 

 

13 mai 2023

Un «citoyen-consommateur»? pourquoi pas, mais responsable!

Le consumérisme a largement pénétré la sphère de la citoyenneté, le plus souvent pour le pire avec des demandes extravagantes de toujours plus et d’insatisfaction chronique où la satisfaction immédiate et l’intérêt à courte vue d’individus à l’autonomie égocentrique l’emportent sur un comportement raisonnable.

Je m’en suis souvent inquiété et je m’en inquiète encore.

Sur le principe, on ne peut que se montrer critique sur ce phagocytage de la politique par les codes consuméristes.

Cependant, au lieu de refuser de manière stérile un mouvement qui semble se répandre inéluctablement, il vaut nettement mieux l’accompagner et l’encadrer afin de bloquer ses effets négatifs et ressortir ses points positifs.

Car, à y regarder de plus près, cet «entrisme» du consumérisme dans la politique n’est pas obligatoirement ce danger existentiel pour la démocratie républicaine qu’il semble à première vue.

Mais, pour cela il faut deux conditions impératives.

La première est l’absolue nécessité de la responsabilité du «consommateur» et cela passe par sa formation et son information qui lui permette d’utiliser son autonomie aux mieux de ses intérêts et de ceux de la communauté dans laquelle il vit.

La deuxième est que ce «marché» où vient faire ses emplettes le citoyen soit un lieu où l’on traque sans relâche les «produits» dangereux ou défectueux, la fraude et la publicité mensongère pour offrir réellement le meilleur choix et la meilleure qualité possibles.

Parce que s’il s’agit uniquement d’avoir le comportement d’une personne qui consomme sans frein et sans satiété, surtout sans se poser de questions sur les conséquences de ses choix, alors le consumérisme politique sera le cimetière de la démocratie.

Et si ce vaste marché de la démocratie ressemble comme deux gouttes d’eau à celui des biens, alors il sera également largement gangrené par des produits insécures ou inutiles qui auront un aspect des plus séduisants et seront promotionnés par une communication qui vendra du rêve et des paillettes mais qui causeront d’énormes dégâts et seront source de déception donc de mécontentement qui toucheront, certes les «produits» politiques mais également le «marché» de la démocratie avec une méfiance, voire une défiance, envers les valeurs, les principes et les règles sur lesquels elle repose et qui la font fonctionner.

Bien sûr, in fine, ce doit être le citoyen-consommateur bien formé et informé, conscient de ses intérêts qui doit être capable de séparer le bon grain de l’ivraie.

On le voit, les conditions d’acceptation d’un tel marché consumériste sont élevées.

Mais il ne peut en être autrement pour que ne soient pas dévoyées les valeurs humanistes de la démocratie.

Mais si il est réellement possible de les mettre en œuvre, alors cette capacité du citoyen à choisir le meilleur en toute connaissance de cause ainsi qu’en responsabilité et en déjouant les pièges populistes, les discours démagogiques, les tromperies idéologiques et autres chausse-trapes auxquels il sera confronté, alors la démocratie sera plus forte, plus solide et permettra d’obtenir de meilleurs résultats pour l’ensemble de la société et de ses membres.

Les mouvements de consommateurs qui se sont créés dans les années 1960 et 1970 avaient comme objectif de défendre le consommateur contre ces mauvais produits en se battant pour que les industriels fabriquent et les commerçants vendent de la qualité et pour qu’ils soient vendus au juste prix (c’est-à-dire au meilleur rapport qualité/prix et, non, contrairement à ce que l’on croit, au prix le plus bas possible au risque d’une mauvaise qualité, voire pire, d’une désorganisation de l’économie), tout en responsabilisant le consommateur dans ses choix, sa manière de consommer et une éthique générale face aux produits et à la façon de les confectionner.

Dès lors, si le citoyen devient un «consommateur de politique» responsable, il pourra être un vrai pilier de la démocratie républicaine.

Dans le cas contraire, il en sera un de ses pires ennemis, mettant en jeu l’existence même du régime.

Et c’est bien, malheureusement, le chemin que suivent actuellement une grande partie de la population dans la plupart des pays, en particulier dans les démocraties républicaines.

Dans un comportement du «toujours plus», nombre de ces citoyens-consommateurs semblent prêts à suivre les yeux fermés n’importe quel camelot qui, du haut de son estrade lui vend des promesses-miracles évidemment irréalisables.

Il est donc temps, avant qu’il ne soit trop tard, de les émanciper en leur donnant les capacités d’avoir les yeux grands ouverts.

Alexandre Vatimbella