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30 juin 2023

La dignité humaine doit définitivement primer sur le pouvoir du peuple

«La dignité de la personne humaine n'est pas seulement un droit fondamental en soi, mais constitue la base même des droits fondamentaux»
(Déclaration universelle des droits de l'humain)

 

Dans l’esprit du grand public, les différentes déclarations des droits humains se focalisent sur la liberté, l’égalité et, éventuellement la fraternité.

Mais on oublie qu’elles parlent aussi de ce qui est l’exigence même de la possibilité de l’exercice de cette liberté, de cette égalité et de cette fraternité: la dignité de chaque être humain.

Sans elle, ces droits demeurent virtuels, de beaux mots sans réalité concrète.

Non seulement, tout être humain a le droit d’être respecté mais ce respect est essentiel dans une démocratie républicaine.

Ce que l’humain demande qu’on respecte en lui c’est sa dignité.

Respecter sa dignité c’est respecter son individualité, ce qu’il est.

Le socle légitimaire de la démocratie du 21e siècle ne devrait plus être le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple mais le respect de la dignité humaine.

La dignité est une prérogative inaliénable dont doit absolument jouir toute personne qui lui vaut considération et respect en tant qu’être humain.

Ce que cela changerait est fondamental car, dès lors, que la reconnaissance de la dignité de l’être humain et son respect deviendraient la pierre angulaire du régime démocratique, c’est-à-dire qu’il serait réellement considéré comme un citoyen égal à un autre, cela signifierait que personne n’aurait la possibilité et le droit – même pas le pouvoir du peuple – de remettre en question sa liberté et la solidarité à laquelle il a le droit dans sa communauté.

Plus qu’un droit constitutionnel, ce serait le prémisse de toute constitution qui ne pourrait être démocratique que si toute son architecture en découle.

Ainsi, qu’il fasse partie de la majorité ou de la minorité politique, grâce à cette reconnaissance inaliénable de sa dignité, aucune autorité, aucun groupe n’aurait la légitimité à lui supprimer ses droits fondamentaux.

Concrètement, ces droits découlent des valeurs humanistes qui lui garantissent le respect de son individualité et impose à la communauté un devoir de solidarité pour qu’il puisse vivre une existence digne.

Bien entendu, il n’est pas question de remettre en cause et encore moins de supprimer le vote des représentants du peuple par le peuple et que le gouvernement demeure celui du peuple pour le peuple dans la démocratie républicaine représentative et participative.

Il s’agit seulement d’affirmer haut et fort que ce régime a un but beaucoup plus élevé, celui d’assurer à chacun sa dignité d’humain.

Et que par voie de conséquence, rien ni personne ne peut lui supprimer les attributs de cette dignité donc sa liberté, son égalité et la solidarité de sa communauté.

Car n’oublions jamais que lorsqu’on refuse à quelqu’un sa dignité, on le nie comme humain, on ne le respecte plus et on peut user de la violence à son encontre jusqu’aux pires forfaitures de l’Histoire, du racisme à l’antisémitisme avec des génocides à la clé comme en Allemagne vis-à-vis des Juifs, en Turquie vis-à-vis de Arméniens, au Rwanda vis-à-vis des Tutsis.

Alexandre Vatimbella

 

 

29 juin 2023

La démocratie du 21e siècle broyée par elle-même?

Le refus de réalité n’est pas nouveau. De même que l’opposition violente entre différentes «vérités». En revanche, la sombre et effrayante nouveauté est que les nouvelles technologies de l’information ont permis à ces phénomènes de prendre une dimension jamais vue. Mais c’est bien le dévoiement des valeurs, principes et règles de la démocratie qui est au cœur du problème.

Si la démocratie n’a pas encore réussi à faire d’un individu un citoyen responsable de sa vie et respectueux de la dignité des autres, en revanche elle lui a donné les attributs de cette citoyenneté qu’il a utilisé à l’exact inverse.

Ainsi en est-il de son autonomie qui n’a de sens que si elle s’accompagne de cette responsabilité et de ce respect.

Sinon, elle est la porte ouverte à tous les débordements que nous connaissons où le «moi, je» non seulement prégnant mais souvent seul moteur des comportements de l’individu pervertit cette autonomisation où l’on se croit une sorte de maître du monde, tout au moins de soi sans en avoir les capacités, surtout sans en respecter les règles.

Dès lors, ce n’est plus la réalité qui est importante mais une soi-disant réalité que l’on crée pour soi (et que l’on peut partager avec d’autres) et qui est en choc frontal avec la réalité de l’autre sans plus aucune médiation de la «vraie» réalité.

Une autonomie qui décomplexe également les comportements qui deviennent plus agressifs et parfois violents et même très violents avec l’autre qui est désormais considéré comme un ennemi et non un même membre de sa communauté, de la société que l’on partage.

Evidemment, cela fait les affaires des idéologies extrémistes et populistes ainsi que des démagogues mais aussi des régimes autocratiques et totalitaires étrangers ainsi que de leurs agents dans les démocraties.

Ce qu’il y a d’inquiétant c’est le dénuement dans lequel se trouvent les démocraties républicaines pour répondre rapidement et avec efficacité à ce défi qui pourrait les broyer à terme.

Car ce n’est que dans la formation et l’information de l’individu que l’on peut agir profondément pour que les valeurs humanistes ne soient pas des armes qui détruisent la démocratie, c’est-à-dire la liberté, l’égalité, le respect de la dignité de l’autre et la solidarité.

C’était le pari de la démocratie et cela le demeure.

En attendant – mais il ne faudrait pas attendre trop longtemps – la seule manière de lutter pour la démocratie et ses partisans est ce combat de Sisyphe, chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde recommencé de contrer les phénomènes destructeurs de cette autonomisation à la fois égocentrique, assistée, irresponsable, insatisfaite, irrespectueuse et consumériste ainsi que de ces demandes de sur-reconnaissance et de sur-égalité illégitimes sans oublier ceux qui s’en servent pour affaiblir la démocratie et la faire disparaitre in fine. (1)

Alexandre Vatimbella

(1) Pour ceux que cela intéresse, ils peuvent se référer à mon ouvrage «L’individu du 21e siècle, le grand prédateur de la démocratie»

 

 

28 juin 2023

La démocratie et ses faussaires

Les faussaires de la démocratie sont partout.

Faussaires, des «personnes qui commettent un faux, qui imitent, qui falsifient quelque chose d'authentique» selon la définition du CNRTL, le Centre national de ressources textuelles et lexicales du CNRS.

Au nom soi-disant de la défendre, de l’améliorer, de l’accroître et/ou de permettre qu’elle fonctionne correctement voire réellement, ils la violent, la corrompent, la fragilisent sans vergogne et s’en servent pour l’instrumentaliser au profit de leurs desseins individuels ou collectifs.

En réalité, ils attaquent les valeurs qui la fondent et en sont les fossoyeurs.

On les retrouve partout, dans les partis politiques, dans les médias, dans les sphères intellectuelles mais aussi dans l’univers des réseaux sociaux où ils pullulent.

Exemple avec les deux valeurs fondamentales de toute démocratie: la liberté et l’égalité.

Celui venant de la Gauche.

Au nom d’une liberté virtuelle, elle s’en prend constamment à la sécurité qui serait anti-démocratique.

Des organisations ont même demandé aux Etats-Unis de ne plus financer la police, mot d’ordre repris en France par certains membres de la Nupes.

Or, Proudhon disait fort justement qu’il y avait trois éléments essentiels pour l’humain: sa liberté, son égalité et sa sécurité.

C’est vrai.

Si elles sont vraiment réelles alors sa dignité est assurée et son individualité préservée.

Car la liberté sans la sécurité ne peut exister pas et n’existera jamais.

Celui venant de la Droite.

Au nom d’une soi-disant méritocratie, l’égalité ne serait vraiment assurée que si l’on laisse à chacun la capacité d’exploiter ses potentialités sans les entraver d’aucune manière dans une compétition où le «meilleur»gagne.

Sauf que le prétendre c’est oublier que dans une société qui n’organise pas l’égalité, comme le dit Montesquieu, «quand il s'agit d'obtenir les honneurs, on rame avec le mérite personnel et on vogue à pleines voiles avec la naissance».

En effet, laisser inorganisée la méritocratie c’est évidemment nier qu’il y a, dès le départ, une inégalité de condition sociale entre les individus et que si l’on veut une vraie égalité de réussite, donc une vraie méritocratie, il convient de donner la même chance à chacun de pouvoir mener son projet de vie avec succès.

Prenons un autre exemple: le communautarisme.

Sous couvert de donner la parole aux minorités, il nie la plupart du temps l’universalisme qui est le  cadre même de la démocratie républicaine libérale.

Tout groupe qui réclame une légitimité plus grande et des droits plus étendus que ceux offerts par cette démocratie républicaine libérale combat en fait cet universalisme.

De même pour tous les mouvements qui demandent des «réparations» à la démocratie au motif qu’elle aurait maltraité des groupes sociaux, ethniques, générationnels, etc.

Le plus souvent ils réclament une sur-égalité ce qui, par voie de conséquence, entraîne une sous-égalité aux autres ce qui est totalement anti-démocratique alors même que la revendication est soi-disant une démocratie plus aboutie…

Plus généralement, exiger pour un groupe – et non pour un individu – une reconnaissance de sa différence c’est créer des sphères fermées qui se côtoient dans une inégalité de fait.

L’exemple le plus caricatural dans cette fausseté est bien sûr la prétention d’établir la démocratie ultime en passant par une dictature!

C’est ce qu’a prétendu le marxisme-léninisme et a abouti aux pires totalitarismes du 20e siècle en Russie et en Chine, notamment, avec des dictateurs comme Staline et Mao qui n’ont rien à envier à Hitler.

Par ailleurs, on retrouve une idée dans les mouvances extrémistes de gauche et de droite selon laquelle le «peuple» serait tout puissant pour organiser la démocratie comme il l’entend.

Or rien n’est plus faux.

La démocratie est un régime qui donne le pouvoir au peuple de choisir ses représentants, non d’abattre la liberté, l’égalité et la fraternité.

Ainsi n’y aurait-il qu’un seul partisan de celles-ci, cela empêcherait toute le reste de la communauté dans laquelle il vit de le priver de ses droits démocratiques.

Et n’y aurait-il plus aucun partisan, cette même communauté ne pourrait agir au nom des droits des générations futures.

La manipulation des esprits est la méthode principale utilisée par les faussaires.

La réponse est une dénonciation constante des tentatives de vicier la démocratie et de subvertir ses valeurs.

Plus structurellement, c’est de bien former et informer chacun pour qu’il devienne ce citoyen responsable et conscient de ses intérêts et de ceux de sa communauté, ce qui est la condition sine qua non d’un fonctionnement correct de la démocratie.

Alexandre Vatimbella

De la pratique de la liberté au troisième millénaire, défi à la démocratie?

Tout a été dit et redit, écrit et réécrit sur la liberté.

Mais ce qui m’intéresse ici, c’est de constater comment elle est perçue et vécue en ce 21e siècle, le premier de notre troisième millénaire.

D’abord, un petit rappel utile de ce que l’on entend par liberté dans une société démocratique donc dans une communauté de plusieurs personnes qui partagent le même espace et qui sont assujetties aux mêmes règles, société qui a vocation à donner le plus d’autonomie à l’individu sans rompre l’indispensable lien social.

Ainsi que l’énonce l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, «la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui».

Donc la liberté de l’un s’arrête là où commence la liberté de l’autre.

La liberté n’est donc pas de faire tout ce que l’on veut sans frein, ni limite, ce qui est le dévoiement de la liberté, c’est-à-dire la licence.

On parle donc ici de liberté responsable et respectueuse, la seule qui peut avoir cours dans une société d’individus égaux.

La question est de savoir si nous sommes en ce début de troisième millénaire dans cette définition ou si nous nous sommes affranchi de celle-ci dans nos pratiques de la liberté en en modifiant les termes et en revendiquant le droit à transgresser ses limites, pour, concrètement, se rapprocher de la licence et s’éloigner des notions fondamentales de responsabilité et de respect.

Car deux constats s’imposent au vu du fonctionnement actuel des régimes démocratiques.

Le premier est que la démocratie est allée plus vite que le citoyen.

Le deuxième est que la liberté dans une démocratie est largement instrumentalisée et dévoyée par les individus et les peuples qui en bénéficie.

Premier constat, la démocratie est allée plus vite que le citoyen.

Nous savons que pour que la démocratie vive et se développe pleinement selon ses valeurs, ses principes et ses règles, il est indispensable que le citoyen qui vit sous son régime soit bien formé et bien informé pour qu’il soit complètement responsable de lui-même, dans tous les sens du terme, c’est-à-dire responsable du choix de ses actes mais aussi qu’il ne dépende de personne pour choisir et construire son propre projet de vie par rapport à son individualité qu’il façonne au cours de son existence.

Or, ce citoyen n’existe pas ou peu!

Oui, nous avons fait des progrès depuis l’invention de la démocratie moderne aux Etats-Unis et en France au 18e siècle.

Mais les populations n’ont pas atteint le degré de maturité démocratique alors même que la démocratie, elle, s’est développée et offre au citoyen la réelle possibilité de son autonomie.

Ce hiatus recèle des risques énormes pour la liberté.

D’autant que, second constat, loin de ne pas utiliser son autonomie, c’est-à-dire de sa liberté d’agir en tant que personne indépendante et émancipée, le citoyen la pratique sans restriction mais de manière irresponsable, égocentrique, irrespectueuse et consumériste avec insatisfaction et des revendications d’assistanat, ce qui corrompt fortement et la liberté, et l’égalité et la fraternité, piliers de la démocratie moderne.

Dès lors l’exercice effectif de la liberté dans ce troisième millénaire risque de détruire… la liberté.

Car cette liberté débridée et sans responsabilité s’apparente bien plus à de la licence, c’est-à-dire une liberté irresponsable et irrespectueuse.

Les adversaires de la liberté affirment que cette situation est logique, la plupart des individus n’étant pas capables d’exercer leurs libertés et que systématiquement ils s’affranchissent  des freins et des limites nécessaires à l’existence d’un régime démocratique.

Ses partisans, eux, estiment qu’il est possible de créer ce citoyen responsable et respectueux.

Mais ils savent également que nous ne sommes pas encore parvenus à le faire à l’échelle d’une société entière, nulle part, et que l’avancée de la démocratie impose des résultats rapides alors même que le temps long est souvent nécessaire pour insuffler les bons comportements à une population.

C’est là, d’ailleurs, que se trouve une des faiblesses, voire la principale faiblesse, de la démocratie dans son échec relatif mais bien réel de n’avoir pas réussi à permettre aux peuples qui vivent sous son régime d’être en capacité de la vivre sans la menacer.

On connait la méthode pour y parvenir sauf qu’aucun pays démocratique n’a jamais mis les moyens suffisant pour cela, soit par totale négligence, soit par la croyance ridicule que le temps ferait le travail à la place des humains.

Cette erreur, voire cette faute, paradoxalement, permet de demeurer raisonnablement optimiste sur l’avenir de la démocratie en ce troisième millénaire mais si et seulement si nous investissons massivement dans ce citoyen responsable et respectueux.

On peut affirmer que nous sommes à un moment-clé des démocraties.

Soit celles-ci sont capables d’amener leurs populations à un état qui leur permet de vivre en et la démocratie, soit l’autonomisation débridée de l’individu qui s’étend d’années en années l’emportera.

Une autonomie qui détruira le lien social qui soutient l’existence de la liberté, celle qui permet la vie en société démocratique, amenant soit le chaos ou un régime totalitaire, voire un chaos qui induira la survenance d’un régime totalitaire.

Rien n’est perdu mais rien n’est gagné non plus.

Alexandre Vatimbella