Il
est bon ton d’attaquer la liberté, l’égalité et l’individualisme en
tant qu’ils produiraient des dérèglements grave qui menaceraient le
vivre ensemble.
De son côté, la solidarité ne serait qu’un moyen pour tous les ratés de la société de vivre à ses crochets.
Quant
à la tolérance, elle ne serait qu’une notion permettant à toutes les
minorités de phagocyter la démocratie à leurs désidératas.
Le consensus, lui, serait ce qui permet à une classe politique de faire des accords politiciens sur le dos des électeurs.
Même
le respect est paré d’une volonté de contrôle social (et l’on voit
nombre de populistes affirmer que l’insulte et les attaques personnelles
sont justifiées dans le débat politique).
Et ce ne sont pas seulement les populistes et les extrémistes qui s’en donnent à cœur joie en la matière.
Beaucoup de gens de droite, de gauche et du centre font de même.
Mais
tous se trompent – ou font semblant de le faire – en montrant du doigt
des valeurs alors que ce sont leurs déviances qui causent les maux.
Ce
n’est pas la liberté qui est rapace mais la licence que réclame de plus
en plus un moi surdimensionné qui n’a plus de repères et de limites.
Ce
n’est pas l’égalité qui est totalitaire mais l’égalitarisme qui empêche
l’individualité de chacun, les différences ontologiques et les
capacités de s’exprimer pleinement.
Ce
n’est pas l’individualisme qui est mortifère mais l’autonomie atomiste
qui permet à un individu de demander toujours plus pour lui, de ne pas
respecter les autres et de nier le vivre ensemble à son unique profit.
Ce
n’est pas la solidarité qui crée des comportements d’assistés mais bien
un assistanat de voie de garage qui, au lieu, de sortir les gens de
leur condition précaire, ne leur offre aucune autre alternative que de
demeurer dans les difficultés.
Ce
n’est pas la tolérance qui est destructrice du lien social mais la
légitimation de revendications outrancières de la part de groupes
sociaux, ethniques et autres.
Ce
n’est pas le consensus qui aboutit au compromis éminemment démocratique
mais la compromission issue d’un renoncement à ses idées et ses valeurs
qui dévoient la démocratie républicaine.
Ce
n’est pas le respect qui borne l’individu mais bien le rapport de force
que certains tentent d’instituer à leur profit pour être plus respectés
que les autres en exigeant, parfois par la force, la déférence et la
révérence par la crainte.
Je
ne le redirai jamais assez, les mots ont une signification et on se
doit de les utiliser correctement comme le rappelait sans cesse
Confucius.
Dévoyer
le sens des mots permet de leur faire dire ce que l’on veut, de pouvoir
les critiquer de manière mensongère et de tromper les individus et
d’abuser les peuples.
A
côté des fausses informations, des faits alternatifs, de la propagande
et autres technique, l’imposture mystificatrice du triturage des
définitions de concepts aussi importants que ceux de liberté, d’égalité,
de solidarité, de tolérance ou de respect est au moins aussi
condamnable si ce n’est plus.
Une
société de la responsabilité (qui serait en réalité pour ses
détracteurs un moyen de contrôle social sur le peuple et une manière de
lui dénier son pouvoir!) doit constamment se confronter à cet exercice
de vérité.
Car
n’est pas la responsabilité qui est l’ennemi du peuple mais bien le
confinement dans une sorte de minorité démocratique d’une partie de la
population, minorité que d’ailleurs une partie d’entre elle revendique
pour s’auto-absoudre de toute obligation et devoir envers l’autre et la
communauté.
Dans
ce combat, les démocrates doivent toujours être à sa pointe
parce qu’il est profondément humaniste et que l’objectif est bien
l’avènement d’une personne libre et responsable, respectueuse et
respectée, capable de vivre son projet de vie tout en étant, comme
toutes les autres personnes, le fondement d’une communauté équilibrée où
la dignité humaine est le socle du bien vivre ensemble.
Alexandre Vatimbella
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