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06 juin 2025

Réalisme et utopie également indispensables

Devrions-nous cesser de rêver et ne nous confronter qu’au réel?

Pas si sûr!

Bien sûr, les utopies ne sont que des utopies.

Pire, lorsque l’on tente d’appliquer certaines d’entre elles pour soi-disant créer le paradis sur terre, elles aboutissent exactement à l’inverse en devenant des enfers au sol jonché de leurs victimes innocentes.

Car les utopistes qui les imaginent se croient souvent investis d’une mission messianique et détenteur de la Vérité avec une majuscule.

Une fois au pouvoir, ils ne tolèrent aucune contestation et tentent de tordre le cou à la réalité ce qui ne gêne guère celle-ci mais provoque, en revanche, un univers concentrationnaire où les victimes peuvent se compter en millions.

D’autant que derrière l’utopie tout un monde corrompu et prévaricateur se constitue, l’utopie n’étant plus qu’un paravent aux racines mortes.

Mais il n’en reste pas moins vrai que pour nombre d’entre elles, l’objectif est bien un monde meilleur où l’humain serait plus libre, plus égal, plus fraternel, où sa dignité serait mieux protégée, où son individualité serait plus épanouie, où ses choix de vie seraient tolérés, où la communauté serait plus conviviale, etc.

Elles ne peuvent être condamnées pour leurs idéaux humanistes, bien au contraire.

Nous rêvons beaucoup et nous inventons de multiples utopies et c’est une bonne chose.

Vouloir mettre en place une société universelle où chacun sera heureux et content de sort, où l’on respectera sa dignité et son individualité n’est pas une bêtise, ni une perte de temps. 

Nous avons besoin d’horizons où l’Humanité serait capable de vivre en paix et en harmonie tout en permettant à chacun de réaliser son projet de vie au mieux de ce qu’il est possible. 

Mais aujourd’hui, aucune utopie concrètement appliquée ne nous y a mené et peut-être, malheureusement, nous n’y parviendrons jamais.

Dès lors, avant d’être capables d’installer le paradis sur terre ou ce qui y ressemble, il nous faut vivre dans le réel.

Non pas pour nous y soumettre mais justement pour pouvoir, si n’est le dominer, en tout cas le maîtriser du mieux possible et ainsi pouvoir le changer en l’améliorant dans le sens du progrès du genre humain, chaque petite avancée étant bonne à prendre. 

C’est cela notre responsabilité d’humain et de citoyen responsable.

Inventer un monde meilleur et chercher à le construire n’est donc pas une erreur mais il ne doit pas être une justification pour refuser de vivre dans le réel et le nier est une faute en matière politique au prix qui peut devenir exorbitant.

N’oublions jamais que le réel s’impose à nous et qu’il nous oblige à agir en fonction de ce qu’il nous propose et même parfois à des adaptations plus ou moins douloureuses de nos objectifs.

Certaines de ces adaptations sont existentielles d’autres sont circonstancielles, c’est-à-dire qu’elles découlent d’une conjoncture particulière mais n’ont vocation qu’à durer tant que la situation qui les imposent perdure notamment lorsqu’il s’agit de nos comportements que nous pouvons changer.

Le réel c’est évidemment des contraintes cependant, malgré ce que disent certains, elles viennent avant tout de la vie avant d’être de la responsabilité de la société. 

Pour celles qui viennent de nature humaine, dans ce lot nous pouvons essayer et heureusement en corriger pour réussir à nous en émanciper.

Mais si la société peut et doit être juste pour tout le monde et que cette tâche nous incombe, l’ajustice de la vie c’est-à-dire l’absence de justice qui est une des caractéristiques – et non l’injustice de la société –, est une réalité incontournable qui, en même temps, nous assure que nous sommes chacun de nous unique et donc que notre existence vaut le coup d’être vécue parce qu’une aventure qui n’appartient qu’à chacun de nous.

C’est aussi là la limite finale de toute utopie ainsi qu'elle est sans doute une référence plus qu'un but réalisable et le règne éternel de la réalité.

Alexandre Vatimbella

 


01 juin 2025

Oui aux «faiblesses» de la démocratie, non à sa «naïveté

Face aux autocraties et aux totalitarismes, la démocratie a des «faiblesses» inhérentes à son essence même, ses valeurs morales et humanistes.

Dès lors, elle s’expose à la violence inhérente à ses opposants qu’ils agissent en son sein même ou qu’ils soient extérieurs à elle-même.

La démocratie c’est le régime des «faibles» parce qu’elle est d’abord là pour les protéger contre les menées des «forts» alors que les autocraties et les totalitarismes sont le régime des «forts» de ceux qui s’accaparent le pouvoir par la force et font subir leurs lois iniques aux «faibles».

La démocratie est donc fragile parce qu’elle considère tous ses membres comme égaux et détenant chacun une part de la souveraineté dont la totalité appartient au peuple.

C’est une réalité qui ne peut changer mais c’est ce qui fait la force morale de la démocratie et sa beauté humaniste.

Néanmoins, si l’on doit «faire avec» ces faiblesses, en revanche on ne peut accepter la «naïveté» des démocraties face aux menées des autocraties et des totalitarismes.

Car sa fragilité ne saurait justifier la simplesse voire la niaiserie que montrent trop souvent les gouvernements démocratiques face à leurs prédateurs.

Ainsi, contre les attaques de ceux tant de l’intérieur que de l’extérieur, en aucun cas une démocratie digne de ce nom ne doit pas brader ses valeurs, ses principes et ses règles, jamais elle ne doit reculer sur ses fondamentaux.

D’autant que la légitimité du régime démocratique est indiscutable alors que celle des régimes autocratiques et totalitaires est une fraude.

Dès lors, les pays du monde libre ne doivent à aucun prix être intimidés par les menaces et les déstabilisations mais doivent répondre du tac au tac et montrer leur puissance qui leur vient de la fragilité et de la faiblesse de la démocratie, celle qui fait qu’elle est la seule représentante de la légitimité d’un peuple libre et composé d’êtres humains égaux.

Or ce n’est pas toujours le cas.

Comme lors d’épisodes chaotiques tel celui que nous vivons en ce moment où les pays démocratiques reculent souvent ou sont prêts à des compromissions pour soi-disant sauver la paix et la liberté.

Sauf que l’Histoire nous enseigne que de reculades en reculades, de naïvetés en naïvetés, c’est exactement le contraire qui se produit.

La naïveté n’est jamais acceptable car elle associe toujours la défaite au déshonneur.

Alexandre Vatimbella