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29 janvier 2025

La démocratie républicaine vit grâce à la raison et meurt sous les passions tristes

Les émotions ne sont pas illégitimes dans la sphère publique et à bannir du débat politique, surtout quand elles sont positives et qu’elles permettent de renforcer l’application des valeurs humanistes et l’adhésion des individus à celles-ci.

Pour autant, la raison est essentielle pour mettre en place la meilleure gouvernance possible du projet démocratique qui doit obéir à des principes applicables à tous au-delà de toute émotivité.

Cette raison doit être guidée par la modération et par un juste équilibre.

Néanmoins aucune société ne peut complètement faire fi de l’affectif que portent les humains et, surtout, qui nous permet de ne pas tomber dans un rationalisme absolu qui serait aussi dangereux que de n’apprécier les faits uniquement par les émotions.

Mais il est une règle intangible: la démocratie républicaine ne peut vivre que si elle est assise sur la raison et son existence est mise en danger de mort par des émotions négatives lorsqu’elles deviennent ce que Deleuze a appelé des passions tristes, répertoriées et définies par Spinoza.

Celles-ci sont, notamment, la haine, la peur, la colère, le mensonge, la violence, la rage, l’envie portées à leur paroxysme.

Elles sont à la base des idéologies extrémistes et populistes.

Les démagogues qui les diffusent sont des agitateurs dont l’objectif est d’exciter le corps social afin de susciter des mouvements de foule qui fragilisent la démocratie et qui peuvent parvenir à la détruire par la rue ou par les urnes.

Ce n’est pas pour rien que le parti d’extrême-droite FN/RN en France entretient depuis toujours la peur de l’immigration qui va submerger la France et aboutir au fameux «grand remplacement».

Et Trump avait tout compris quand en 2016 il avait déclaré au journaliste Bob Woodward que «le pouvoir c’est la peur».

Instiller l’angoisse, la peur voire la terreur à un niveau extrême c’est permettre à la haine et à la violence de se libérer.

Quant Kamala Harris lors de le dernière campagne présidentielle américaine parlait du «care» et d’unir tous les Américains autour d’un consensus où personne ne serait laisser en chemin, Donald Trump parlait de l’effondrement des États-Unis et de la culture blanche du pays qui était en danger par des ennemis de l’extérieur et de l’intérieur.

Et, évidemment, c’étaient bien des immigrés illégaux noirs, des Haïtiens en l’espèce, qui mangeaient les animaux domestiques des «bons» Américains, dans cette fameuse fake news que l’extrémiste populiste n’a jamais démenti.

Mais, attention, la peur suscitant la haine et la violence produit sa propre rationalité.

Celle-ci est négative comme le fut celle propagée par les nazis dont le summum fut atteint par l’organisation bureaucratique extrêmement efficace de leur solution finale.

Il faut donc combattre à la fois ces passions mortifères et ne pas confronter leur rationalité et celle de la démocratie comme se plaisent trop souvent à le faire les médias dans un soi-disant souci d’«égalité».

Pour atteindre l’objectif d’imposer la raison dans la politique, il est indispensable de mieux former et informer les individus.

Mais il aussi essentiel que l’ensemble des acteurs de la vie politique cessent d’instrumentaliser nos émotions à tout bout de champ.

Ici, ce ne sont pas seulement les extrémistes et les populistes qui usent et abusent du procédé de l’émotion, ce sont tous les politiques qui y trouvent le moyen de réaffirmer leur légitimité, de susciter un élan positif envers leur personne et de se mettre en scène comme étant une personne compassionnelle.

Or, bien évidemment, devant telle ou telle catastrophe qui touche l’Humanité entière ou une population, montrer de l’empathie et de la compassion est un comportement humaniste.

Cependant il doit demeurer digne et surtout ne pas être une manière de s’attirer les faveurs de la population au détriment du contenu d’un projet politique et de la manière de gouverner, ce qui est malheureusement de plus en plus souvent le cas.

Pour en revenir aux passions tristes, ce qui pose problème n’est pas tant que les individus ou des groupes d’individus expriment des émotions négatives comme la peur ou la colère dans certaines circonstances qui parfois sont légitimes mais que des politiques extrémistes et populistes au lieu d’apaiser et d’appeler à la raison pour éviter qu’elles ne deviennent des passions tristes, s’empressent de les exciter et de les instrumentaliser pour faire en sorte qu’elles se transforment en ces dernières puis les récupèrent pour les utiliser à leur profit et attaquer la démocratie républicaine libérale.

Sans oublier, évidemment, lorsqu’ils les suscitent eux-mêmes afin de créer des atmosphères instables et un chaos dont ils veulent profiter pour leur quête de pouvoir.

Parfois, ces passions tristes sont suscitées et exploitées par des groupes autonomes dans le but de défier l’ordre démocratique.

Que ce soient des politiciens ou des séditieux qui se servent des passions tristes, la démocratie républicaine doit les combattre et les punir et promouvoir la raison mais sans refouler les émotions qui s’expriment pour que la dignité des individus soit respectée et protégée ou lorsqu’elles sont empathiques suite à des événements catastrophiques.

Alexandre Vatimbella

 

 

05 janvier 2025

Qui ne veut pas vivre en sûreté?

Arrêtons une bonne fois pour toute de prétendre que la sécurité serait une valeur de droite.

Comme l’expliquait Proudhon, créateur de l’anarchie en temps que philosophie politique et peu suspect de bienveillance avec la Droite, parmi les «droits naturels et imprescriptibles» de l’humain, on trouve, aux côtés de la liberté et de l’égalité, la «sûreté» que le CNRTL définit comme l’«état ou situation de ce qui n'est pas en danger, de ce qui ne court aucun risque».

Et le penseur de Besançon ajoutait, «La plus haute perfection de la société se trouve dans l'union de l'ordre et de l'anarchie», anarchie étant entendu, selon lui, comme sans société sans pouvoir mais nullement sans ordre.

Car, oui, pour que l’humain puisse exercer au maximum sa liberté et profiter de son égalité, il doit pouvoir vivre en sûreté dans une société où règne l’ordre.

Mais allons plus loin, la sécurité est avant tout une valeur du Centrisme parce que le Centre et les centristes ne réduisent pas celle-ci à la protection des biens et des personnes comme le fait la Droite ou la protection sociale comme le fait la Gauche mais embrasse toutes les caractéristiques de la sécurité que ce soit en matière politique, économique, sociale et sociétale.

Ainsi, la sécurité permet de pouvoir utiliser effectivement les droits de l’humain au cœur même de la démocratie républicaine libérale.

C’est une évidence rappelée par nombre de politistes et philosophes mais qui est souvent niée par tous ceux qui associent faussement la sécurité à l’appareil répressif de l’Etat, à la police pour ce qui est de la sécurité face aux menaces intérieures à l’ordre public et à l’armée concernant la sécurité face aux menaces extérieures à la paix et à l’intégrité territoriale.

Pour en revenir à la sûreté des êtres humains dans tous les aspects de leur existence, être contre c’est être contre leur dignité et le respect de leurs individualités respectives.

Se battre pour que celle-ci ne soit pas instrumentalisée pour n’être que de la répression ou pour qu’elle ne soit pas un outil de domination de certains est tout à fait légitime.

Mais la rejeter à priori comme étant par nature néfaste comme l’ont fait récemment, entre autres, des mouvements venus des Etats-Unis qui se proposaient de couper le budget de la police est une atteinte évidente à un droit fondamental de l’humain.

Dans le monde dans lequel nous vivons qui ne s’appelle pas le paradis, la police et l’armée sont des organisations nécessaires et indispensables.

Un jour, peut-être, tel ne sera plus le cas.

Il est loin d’être proche, ce que l’on peut regretter.

Dans ce début de troisième millénaire où montent les périls, où la violence est légitimée par les populismes et les extrémismes, prônée par les autocraties et les totalitarismes, la sûreté, la vraie, est une valeur humaniste.

Ceux qui la vilipendent sont d’abord des ennemis de la démocratie républicaine mais aussi de la liberté et de l’égalité qui ne peuvent s’exercer sans elle.

Alexandre Vatimbella

 

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