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06 juin 2025

Réalisme et utopie également indispensables

Devrions-nous cesser de rêver et ne nous confronter qu’au réel?

Pas si sûr!

Bien sûr, les utopies ne sont que des utopies.

Pire, lorsque l’on tente d’appliquer certaines d’entre elles pour soi-disant créer le paradis sur terre, elles aboutissent exactement à l’inverse en devenant des enfers au sol jonché de leurs victimes innocentes.

Car les utopistes qui les imaginent se croient souvent investis d’une mission messianique et détenteur de la Vérité avec une majuscule.

Une fois au pouvoir, ils ne tolèrent aucune contestation et tentent de tordre le cou à la réalité ce qui ne gêne guère celle-ci mais provoque, en revanche, un univers concentrationnaire où les victimes peuvent se compter en millions.

D’autant que derrière l’utopie tout un monde corrompu et prévaricateur se constitue, l’utopie n’étant plus qu’un paravent aux racines mortes.

Mais il n’en reste pas moins vrai que pour nombre d’entre elles, l’objectif est bien un monde meilleur où l’humain serait plus libre, plus égal, plus fraternel, où sa dignité serait mieux protégée, où son individualité serait plus épanouie, où ses choix de vie seraient tolérés, où la communauté serait plus conviviale, etc.

Elles ne peuvent être condamnées pour leurs idéaux humanistes, bien au contraire.

Nous rêvons beaucoup et nous inventons de multiples utopies et c’est une bonne chose.

Vouloir mettre en place une société universelle où chacun sera heureux et content de sort, où l’on respectera sa dignité et son individualité n’est pas une bêtise, ni une perte de temps. 

Nous avons besoin d’horizons où l’Humanité serait capable de vivre en paix et en harmonie tout en permettant à chacun de réaliser son projet de vie au mieux de ce qu’il est possible. 

Mais aujourd’hui, aucune utopie concrètement appliquée ne nous y a mené et peut-être, malheureusement, nous n’y parviendrons jamais.

Dès lors, avant d’être capables d’installer le paradis sur terre ou ce qui y ressemble, il nous faut vivre dans le réel.

Non pas pour nous y soumettre mais justement pour pouvoir, si n’est le dominer, en tout cas le maîtriser du mieux possible et ainsi pouvoir le changer en l’améliorant dans le sens du progrès du genre humain, chaque petite avancée étant bonne à prendre. 

C’est cela notre responsabilité d’humain et de citoyen responsable.

Inventer un monde meilleur et chercher à le construire n’est donc pas une erreur mais il ne doit pas être une justification pour refuser de vivre dans le réel et le nier est une faute en matière politique au prix qui peut devenir exorbitant.

N’oublions jamais que le réel s’impose à nous et qu’il nous oblige à agir en fonction de ce qu’il nous propose et même parfois à des adaptations plus ou moins douloureuses de nos objectifs.

Certaines de ces adaptations sont existentielles d’autres sont circonstancielles, c’est-à-dire qu’elles découlent d’une conjoncture particulière mais n’ont vocation qu’à durer tant que la situation qui les imposent perdure notamment lorsqu’il s’agit de nos comportements que nous pouvons changer.

Le réel c’est évidemment des contraintes cependant, malgré ce que disent certains, elles viennent avant tout de la vie avant d’être de la responsabilité de la société. 

Pour celles qui viennent de nature humaine, dans ce lot nous pouvons essayer et heureusement en corriger pour réussir à nous en émanciper.

Mais si la société peut et doit être juste pour tout le monde et que cette tâche nous incombe, l’ajustice de la vie c’est-à-dire l’absence de justice qui est une des caractéristiques – et non l’injustice de la société –, est une réalité incontournable qui, en même temps, nous assure que nous sommes chacun de nous unique et donc que notre existence vaut le coup d’être vécue parce qu’une aventure qui n’appartient qu’à chacun de nous.

C’est aussi là la limite finale de toute utopie ainsi qu'elle est sans doute une référence plus qu'un but réalisable et le règne éternel de la réalité.

Alexandre Vatimbella

 


01 juin 2025

Oui aux «faiblesses» de la démocratie, non à sa «naïveté

Face aux autocraties et aux totalitarismes, la démocratie a des «faiblesses» inhérentes à son essence même, ses valeurs morales et humanistes.

Dès lors, elle s’expose à la violence inhérente à ses opposants qu’ils agissent en son sein même ou qu’ils soient extérieurs à elle-même.

La démocratie c’est le régime des «faibles» parce qu’elle est d’abord là pour les protéger contre les menées des «forts» alors que les autocraties et les totalitarismes sont le régime des «forts» de ceux qui s’accaparent le pouvoir par la force et font subir leurs lois iniques aux «faibles».

La démocratie est donc fragile parce qu’elle considère tous ses membres comme égaux et détenant chacun une part de la souveraineté dont la totalité appartient au peuple.

C’est une réalité qui ne peut changer mais c’est ce qui fait la force morale de la démocratie et sa beauté humaniste.

Néanmoins, si l’on doit «faire avec» ces faiblesses, en revanche on ne peut accepter la «naïveté» des démocraties face aux menées des autocraties et des totalitarismes.

Car sa fragilité ne saurait justifier la simplesse voire la niaiserie que montrent trop souvent les gouvernements démocratiques face à leurs prédateurs.

Ainsi, contre les attaques de ceux tant de l’intérieur que de l’extérieur, en aucun cas une démocratie digne de ce nom ne doit pas brader ses valeurs, ses principes et ses règles, jamais elle ne doit reculer sur ses fondamentaux.

D’autant que la légitimité du régime démocratique est indiscutable alors que celle des régimes autocratiques et totalitaires est une fraude.

Dès lors, les pays du monde libre ne doivent à aucun prix être intimidés par les menaces et les déstabilisations mais doivent répondre du tac au tac et montrer leur puissance qui leur vient de la fragilité et de la faiblesse de la démocratie, celle qui fait qu’elle est la seule représentante de la légitimité d’un peuple libre et composé d’êtres humains égaux.

Or ce n’est pas toujours le cas.

Comme lors d’épisodes chaotiques tel celui que nous vivons en ce moment où les pays démocratiques reculent souvent ou sont prêts à des compromissions pour soi-disant sauver la paix et la liberté.

Sauf que l’Histoire nous enseigne que de reculades en reculades, de naïvetés en naïvetés, c’est exactement le contraire qui se produit.

La naïveté n’est jamais acceptable car elle associe toujours la défaite au déshonneur.

Alexandre Vatimbella

 





31 mai 2025

Ça veut dire quoi «démocratie» aujourd’hui

Le terme «démocratie» a toujours fait l’objet de définitions différentes, de controverses, d’instrumentalisation (comme les fameuses «démocraties populaires» de l’Est sous le joug alors de l’URSS) ou de catégorisation discutable et discutée (comme les désormais et soi-disant «démocraties illibérales»).

Dès lors, il n’est pas illégitime de se demander qu’est-ce qu’une démocratie aujourd’hui.

En partant de l’origine c’est un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, une définition donnée à Abraham Lincoln lors de son adresse aux morts sur le champ de bataille de Gettysburg lors de la guerre de Sécession (Guerre civile pour les Américains).

Elle était une sorte de définition moderne de ce que les philosophes grecs à l’instar d’Aristote qualifiaient de démocratie.

Encore faut-il ajouter que Lincoln parlait alors de la seule démocratie de la planète qui était celle étasunienne et qui était une démocratie représentative et non directe, cette dernière étant la seule véritable démocratie selon ses défenseurs à l’instar de Rousseau, même si celui-ci concluait qu’elle était impossible à mettre en œuvre.

Mais c’est cette démocratie républicaine libérale qui est devenue le modèle de ce que l’on a appelé jusque récemment une démocratie.

Bien sûr, il existait des variantes mais, globalement, en utilisant le terme «démocratie», on parlait de la même chose, d’une société libre qui défendait des valeurs humanistes.

Cependant, on voit déjà que cette définition moderne issue surtout de la Révolution française et des Lumières, ne concernait plus seulement une «technique» de gouvernement celle «du peuple, par le peuple et pour le peuple».

On y avait ajouté tout un corpus, au fil du temps avec des déclarations des droits de l’humain, des éléments de «démocratie sociale», etc.

Sauf que, en ce 21e siècle, après l’instrumentalisation par les régimes communistes du terme «démocratie» affublée d’un adjectif «populaire» au 20e, on a vu apparaître la démocratie «illibérale».

Celle-ci est un oxymore si l’on prend ce que l’on entend par démocratie au sens large mais qui ne l’est plus si l’on s’attache uniquement à la démocratie en tant que technique électorale et gouvernementale.

Car, à part le fait que le peuple élit des représentants qui gouvernent son nom et pour son intérêt, rien ne concerne alors le respect de quelques valeurs, principes ou règles autres et notamment tout ce qui a à voir avec l’humanisme.

C’est pourquoi il est sans doute important de procéder à une actualisation du terme «démocratie».

Soit on considère qu’est une démocratie, un pays qui organise des élections plus ou moins libres pour élire des représentants qui gouverneront en son nom, donc qu’il s’agit uniquement d’un système électoral qui permet au peuple de voter pour ceux qui vont le représenter et gouverner à sa place.

Soit on considère qu’est une démocratie, le pays qui développe le «projet démocratique» qui ne limite pas à élire des représentants mais qui est un corpus de valeurs, de règles et de principes qui visent à l’émancipation des individus en les transformants en des citoyens qui ont des droits et des devoirs et qui bénéficient du respect de leur dignité et de leur individualité dans le cadre d’une société sous l’égide de la liberté, de l’égalité et de la fraternité et régit par l’Etat de droit.

Si l’on opte pour la première définition, il est urgent de rebaptiser la démocratie du projet démocratique et j’ai déjà, à plusieurs reprises, estimé qu’il faudrait alors l’appeler «respectocratie» ou «dignitocratie».

Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit nullement de s’amuser à trouver des nouveaux noms pour le plaisir mais il est primordial, surtout en démocratie, de bien nommer les choses et de ne pas laisser la place à l’ambiguïté qui permet souvent aux adversaires des valeurs humanistes de semer le trouble sur ce que sont les véritables objectifs de leurs propres desseins.

Et si la démocratie peut être tout et son contraire, elle sera forcément perdante à terme.

Alexandre Vatimbella

 

 




10 avril 2025

Soyons digne de la dignité humaine

Il n’y a pas de sujet politique plus important que la dignité de l’individu pour concevoir un projet politique humaniste qui respecte chaque individualité dans le cadre d’une communauté où les valeurs essentielles pour son épanouissement – liberté, égalité, fraternité, respect—peuvent alors réellement œuvrer au profit de la reconnaissance de l’un et d’un collectif harmonieux.

La dignité auquel à droit l’humain dans une société d’humains, c’est l’impérative protection de son intégrité physique et psychologique, c’est le respect catégorique de son individualité et de ses différences et c’est la reconnaissance de sa personne par autrui.

Sans protection absolue de cette dignité aucune des valeurs précitées ainsi que des principes et des règles démocratiques ne peuvent exister réellement. 

A quoi sert-il de promettre la liberté et l’égalité à quelqu’un à qui on dénie sa dignité?

Alors, bien sûr, partout on promet de la respecter.

Que ce soit dans la Déclaration universelle des droits humains de l’ONU ou dans la Charte européenne des droits fondamentaux de l’Union européenne (*) ainsi que dans des Constitutions comme celles de l’Allemagne, de la Suisse ou de la Belgique ou dans des lois dans nombre de pays. 

En France, une décision du Conseil constitutionnel en a fait «un principe à valeur constitutionnelle» depuis 1994. 

Encore faut-il que les actes suivent les promesses. 

D’autant que tout le monde n’est pas d’accord sur la définition de cette dignité et que certains remettent même en cause sa prééminence voire son importance. 

On va même jusqu’à prétendre que la dignité serait indigne parce qu’elle est instrumentalisée par des groupes identitaires, religieux ou politiques pour défendre leurs droits à une «différence» qui serait contraire aux valeurs humanistes.

Mais rappelons une énième fois que ce n’est pas parce que des idéologies détournent des mots, des idées et des concepts que ceux-ci sont à bannir.

Il faut se battre contre ces détournements pas contre le mot lui-même.

Et disent une partie de ses défenseurs, encore faut-il la mériter, son respect n’est pas donné à tout individu.

On peut adhérer à cette conditionnalité de la dignité humaine.

Mais cela n’enlève rien à ce qu’elle soit le fondement général même si quelques exceptions peuvent exister, non pas à la naissance, mais du fait d’agissements au cours de l’existence qui pourraient justifier que cette dignité soit retirée à certains personnages qui ont bafoué celle des autres de manière importante et systématique.

De ce point de vue, tout être humain bénéficie automatiquement du respect de sa dignité au moment de sa venue au monde et il ne doit pas justifier de quoi que ce soit pour qu’elle lui soit accordée tout au long de sa vie s’il ne commet pas des actes barbares qui remettent en cause celle des autres.

Toujours est-il qu’une dignitocratie est l’étape supérieure de la démocratie.

Au moment où cette dernière est attaquée et que les valeurs humanistes sont de plus en plus contestées, établir une société sur la dignité de l’humain serait le moyen le plus consistant pour, d’une part, barrer la route aux extrêmes dans les pays démocratiques et refouler les tentatives des régimes autocratiques et totalitaires de devenir le modèle sociétal et, d’autre part, de travailler à concrètement réaliser le projet démocratique qui ne s’est jamais limité à des élections populaires mais dont l’objectif est d’installer un régime dont la finalité est le respect de la personne ainsi que l’opportunité et la potentialité pour celle-ci de réaliser son projet de vie dans le meilleur environnement possible.

Le moment est là, ne le laissons pas passer.

Soyons dignes de la dignité humaine.

Alexandre Vatimbella


(*) > Charte des droits fondamentaux de l’Union européennes:
Titre I: Dignité
Article 1
Dignité humaine
La dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée.
Article 2
Droit à la vie
1. Toute personne a droit à la vie.
2. Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté.
Article 3
Droit à l'intégrité de la personne
1. Toute personne a droit à son intégrité physique et mentale.
2. Dans le cadre de la médecine et de la biologie, doivent notamment être respectés:
a) le consentement libre et éclairé de la personne concernée, selon les modalités définies par la loi;
b) l'interdiction des pratiques eugéniques, notamment celles qui ont pour but la sélection des personnes;
c) l'interdiction de faire du corps humain et de ses parties, en tant que tels, une source de profit;
d) l'interdiction du clonage reproductif des êtres humains.
Article 4
Interdiction de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants
Nul ne peut être soumis à la torture, ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants.
Article 5
Interdiction de l'esclavage et du travail forcé
1. Nul ne peut être tenu en esclavage ni en servitude.
2. Nul ne peut être astreint à accomplir un travail forcé ou obligatoire.
3. La traite des êtres humains est interdite.

> Déclaration des droits humains des Nations Unies
Préambule
Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. (…)
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.
Article premier
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Article 22
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.

Article 23
(…)
3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale. 

 

 




24 mars 2025

Comme la liberté, la pratique de la sécurité se doit d’être responsable

La liberté afin d’être effective pour le citoyen doit être accompagnée de la sécurité.  

Sans assez de sécurité, pas de liberté. 

Mais, la liberté pour exister ne doit pas être étouffée par cette même sécurité. 

Avec trop de sécurité, pas de liberté. 

Comment atteindre ce difficile équilibre dans une démocratie et est-ce possible? 

La question n’est évidemment pas nouvelle et le duo liberté-sécurité est au centre d’une des questions les plus éminentes concernant la démocratie. 

La société a pour tâche première d’assurer la sécurité de ses membres, c’est là même sa principale légitimité. 

Ainsi, à quoi servirait-elle si sa vie était menacée chaque fois que l’on devait sortir dans la rue, si on pouvait se faire voler en toute impunité, si les assassins n’encouraient aucune sanction? 

Mais la démocratie ne peut pas se contenter d’assurer la sécurité, elle doit offrir la liberté effective à tous. 

Et, qui plus est, dans la sécurité. 

A quoi servirait-elle, en effet, si la licence permettait à certains de faire ce qu’ils veulent au détriment de tous les autres, si elle ne pouvait assurer à chacun sa liberté d’opinion et sa capacité à vivre son individualité? 

Comme tout juste équilibre, celui qui unit liberté et sécurité est constamment en péril et doit être sans cesse réajusté. 

Cependant, il ne doit jamais pencher de manière trop prononcée d’un côté ou de l’autre. 

La menace terroriste est emblématique de cette obligation de trouver un compromis acceptable pour que la liberté puisse s’exercer dans la sécurité mais que cette dernière, tout en étant renforcée, ne limite pas le cœur même des libertés collectives et individuelles. 

Ici, le maître mot est «responsabilité».

Jouir de la liberté implique d’être responsable de ses actes et d’en rendre compte si l’on tombe dans la licence.

Jouir de la sécurité implique qu’on ne la confonde pas avec imposition de sa volonté au détriment des autres pour mettre en place un ordre qui les priverait de leurs droits fondamentaux à être libres.

Il faut ainsi aboutir à ce juste équilibre où, dans une société d’égaux, la sécurité n’entrave pas la liberté et où la liberté ne menace pas la sécurité.

Et un seul régime permet d’y parvenir, c’est la démocratie républicaine libérale.

C’est d’ailleurs sa première mission sur laquelle toutes les autres peuvent et doivent s’appuyer.

C’est à l’aune de sa réalisation effective que l’on peut juger de la réalité de la démocratie et de son niveau d’accomplissement.

Alexandre Vatimbella

 




17 mars 2025

De la différence entre la démocratie et le projet démocratique

La démocratie c’est un régime qui permet le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple.

On peut ajouter pour que la démocratie existe, chacun doit voter librement en son âme et conscience et qu’un vote en égale un autre donc que les notions de liberté et d’égalité constituent le socle sur lequel elle repose.

Mais cela ne va pas plus loin.

La démocratie de ce point de vue n’est qu’une sorte de procédure qui permet à chaque citoyen d’exercer son droit de vote pour choisir ses représentants ou pour voter directement (dans le cadre de la démocratie représentative par le référendum).

Tel n’est pas le cas du projet démocratique qui est sans doute mal nommé et qui pourrait être appelé de manière plus appropriée «projet humaniste» et qui élève la démocratie à une «dignitocratie» ou «respectocratie».

Ainsi, le projet démocratique ou humaniste ne se limite pas à donner le droit de vote et à faire d’un régime celui du peuple par le peuple et pour le peuple mais de faire de l’individu, un citoyen éclairé et responsable capable de prendre en main son projet de vie et de le construire avec succès.

Un citoyen auquel la société garantit son autonomie ainsi que le respect de sa dignité et de son individualité.

Même si la démocratie stricto sensu comme procédure politique demande pour fonctionner du mieux possible un tel citoyen, elle peut néanmoins exister, comme on le constate quotidiennement depuis son introduction, sans celui-ci, c’est-à-dire avec des individus incapables de prendre leur projet de vie en main, incapable de distinguer leurs intérêts, ceux de leurs proches et ceux de la société dans laquelle ils vivent et auxquels n’est garanti ni leurs dignités, ni leurs individualités mais ayant pourtant ce droit de vote dans une société dont le régime est souvent à l’opposé du projet démocratique ou humaniste.

Cette différence entre la démocratie, simple procédure politique, et le projet démocratique ou humaniste, régime basé sur des valeurs, des principes et des règles humanistes, permet à des pays autocratiques d’affirmer être des démocraties que l’on nomme «démocraties illibérales», une sorte d’oxymore qui n’en est pas un si l’on fait fi de tout ce qui devrait accompagner la tenue d’élections au suffrage universel pour qu’il s’agisse d’une «vraie démocratie» c’est-à-dire d’une «dignitocratie» ou «respectocratie».

Il semble donc important de pouvoir renommer ce qui doit l’être pour ne pas confondre une simple technique électorale et un projet politique humaniste tant le terme de démocratie a été instrumentalisé et dévoyé depuis son invention en Grèce où déjà il prêtait à tous les détournements puisque considérer Athènes comme une démocratie alors que le fait que les femmes et les esclaves ne pouvaient voter était déjà une apparence, de même pour la démocratie américaine originelle qui empêchait les noirs et les «native americans» d’être des citoyens ayant le droit de vote.

Alexandre Vatimnbella

 


08 février 2025

Plus grand-monde ne veut être «au service des autres»

«Au service des autres», cette notion a perdu non seulement son attractivité mais également de son attraction en tant que mission estimée et estimable.

Désormais, une majorité de personnes considère que le service rendu à l’autre – gratuit ou rémunéré – c’est se rabaisser, c’est être un inférieur, c’est abandonner sa fierté, c’est être le larbin des autres, l’opprimé, une sorte de serf ou d’esclave moderne…

Une complète aberration car «rendre service», «être utile» dans son activité professionnelle, «servir à quelque chose» donne souvent du sens à son existence, apporte cette vraie fierté de celle qui élève et permet de l’estime de soi.

Toujours est-il que du serveur de restaurant au médecin, en passant par l’enseignant ou le journaliste, le service aux autres est en crise.

Pas de la même manière.

Pour l’emploi de serveur ou la profession de médecin et d’enseignant, c’est une «crise des vocations».

Les restaurants ont du mal à trouver du personnel tout comme les hôpitaux et les écoles en partie parce qu’il faut s’occuper des autres.

Dans d’autres cas, comme les journalistes, ce n’est pas une crise des vocations mais la notion même du métier – ici, donner de l’information aux autres – qui est contestée pour être remplacée par des sortes de tribunes libres continuelles où l’information n’est plus qu’un moyen de se mettre en avant et non une fin.

De nos jours être influenceur sur les réseaux sociaux où l’on parle sans fin de soi, de sa vie, de ses choix, de sa vision du monde, etc. est bien plus prisé comme activité et pas seulement parce que l’on peut faire fortune.

Influenceur c’est pouvoir être dans l’égotisme total où l’autre n’est qu’un faire-valoir qui vous fait gagner de l’argent tout en lui délivrant sa bonne parole sur tout et n’importe quoi tout en se mettant en scène dans des vidéos à son propre culte.

«Recruter» un influenceur est donc beaucoup plus facile que de recruter un enseignant, un médecin, une infirmière, un policier ou un pompier.

Faire de la politique de nos jours ne consiste plus souvent à rendre service aux autres mais à se mettre en scène, à poursuivre un plan de carrière et à briller dans les médias.

Dans cette dernière activité, créer le buzz est bien souvent plus important que de participer concrètement à la direction du pays et à régler les problèmes, ce qui amène à être dans le spectacle permanent avec une volonté d’être glorifié et non dans une mission où prime la notion de devoir envers la société, d’être à son service.

Rien ne permet de dire que l’on peut inverser cette tendance parce qu’elle est la conséquence de l’évolution de nos sociétés modernes avec la montée de l’autonomisation égocentrique des individus qui est de plus en plus prégnante et qui s’accompagne d’un comportement irresponsable, irrespectueux et d’une demande d’assistanat.

Et c’est l’objectif même de la démocratie républicaine libérale qui est corrompu.

Car le projet démocratique est bien de permettre à l’individu d’être de plus en plus autonome afin de prendre sa vie en charge mais tout en étant responsable de ses choix et de les assumer tout en respectant la dignité de l’autre mais aussi la communauté dans laquelle il vit.

Or cette autonomisation débridée et uniquement tournée vers soi sans assumer les responsabilités et les devoirs qui vont avec envers l’autre et sa communauté provoque des comportements où l’on considère que tout ce qui n’est pas une déférence à soi des autres est un abaissement inacceptable de sa personne.

Le bien vivre ensemble, voir le vivre ensemble tout court, est donc menacé de se transformer en espace de continuelles revendications autocentrées et dont la crise du service aux autres en est un des phénomènes les plus emblématiques.

Alexandre Vatimbella

 

05 février 2025

Les réseaux sociaux jouent désormais contre la démocratie républicaine

Il est rare qu’un raciste défile tout seul dans une ville avec banderole, mégaphone et autres ustensiles du parfait manifestant en éructant des propos abjects.

Une foule, elle, le fait.

Ce n’est évidemment pas une découverte tant les phénomènes de foule avec leurs comportements haineux et violents ont été documentés.

Les lynchages aux Etats-Unis au cours des deux derniers siècles en sont parmi les exemples les plus répugnants.

Or donc pour déverser sa haine, sa rage, ses insultes et inciter à la violence, il vaut mieux se réunir à la fois pour voir qu’on n’est pas le seul à les partager et pour se donner du «courage» ou plutôt pour se chauffer les uns les autres pour devenir des haineux et souvent passer au stade supplémentaire de brutes belliqueuses protégées par ses congénères.

Mais il n’était pas toujours facile de se retrouver et de se mobiliser dans l’«ancien temps» quand internet n’existait pas même si les chasses aux sorcières sont souvent parties des places de village ou des tavernes, voire des lieux culte...

Depuis une vingtaine d’années, les réseaux sociaux ont permis ces rencontres et ces mobilisations.

Citons-en deux particulièrement emblématiques: le mouvement du Tea party aux Etats-Unis en 2008 et celui des Gilets jaune en France en 2018.

Et il y en a qui ont compris tout l’intérêt d’utiliser ces nouveaux moyens de communication: les populistes et les extrémistes.

Ainsi du Tea party récupéré par l’aile extrémiste du Parti républicain et des Gilets jaunes récupérés par LFI et le RN.

Des populistes et des extrémistes qui ont compris également que les médias, notamment audiovisuels et plus particulièrement les chaines d’info en continue, seraient friands de cette soi-disant «colère du peuple» et feraient les parfaits vecteurs de leurs mises en scène haineuses.

Pendant longtemps, les réseaux sociaux ont prétendu qu’ils n’étaient que les messagers ou les entremetteurs mais qu’ils ne pouvaient être tenus pour responsables de leur survenance.

Et pour prouver leur «innocence», ils acceptèrent de mettre en place des services de modération et de fact-checking afin de neutraliser tous les appels à la violence ou les insultes les plus abjectes.

Mais les masques viennent de tomber.

C’était déjà le cas avec Twitter devenu X dans les mains de l’extrémiste libertarien Elon Musk.

C’est maintenant le cas avec Facebook et Instragram.

Et l’on ne parle même par de réseaux sociaux moins grand public mais qui s’étaient fait une spécialité dans ce «laisser-faire» tel Telegram ou Truth (le réseau social fondé par Trump).

On peut dire, dorénavant, que les réseaux sociaux qui furent, au départ, considérés – avec une certaine naïveté pour certains et un cynisme certain pour d’autres – comme des outils pour approfondir la démocratie républicaine et vendus comme tels par leurs initiateurs et créateurs, sont devenus des armes contre celle-ci.

Dès lors, on ne peut plus avoir ce regard bienveillant sur leur existence et sur leur capacité à devenir de vrais vecteurs de la démocratie républicaine sans un cadre réglementaire contraignant.

Il y a désormais une nécessité, surtout une urgence d’une législation dans toutes les démocraties du monde et, en Europe, pour l’UE avec, comme sanction ultime l’interdiction de ceux qui ne la respecteraient pas.

Croire et faire croire que ces outils sont neutres et s’autorégulent est un mensonge qui déstabilise petit à petit la démocratie au nom de la liberté qu’elle offre et que les réseaux sociaux n’hésitent pas à transformer en licence et en arme contre cette même démocratie avec des propriétaires qui, outre leur motivation à gagner le plus d’argent possible, ont la fâcheuse tendance à se prendre pour les maître du monde et à vouloir abuser du pouvoir qu’ils ont acquis pour diffuser leurs thèses nauséabondes.

Et l’on ne peut plus faire semblant de ne pas savoir alors que la mascarade a pris fin avec le coming-out extrémiste de personnages comme Musk ou Zuckerberg et que l’on connaît désormais avec précision l’utilisation par la dictature chinoise des données de TikTok.

Alexandre Vatimbella

 

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