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27 mai 2024

Le grand basculement antidémocratique est-il en cours?

Où que l’on regarde dans les démocraties, les mouvements autocratiques ont le vent en poupe.

Pendant ce temps les régimes despotiques et totalitaires croissent dans le monde.

Est-on dans la phase d’un grand basculement avec en ligne de mire la disparition de la démocratie républicaine libérale?

Tout semble se conjuguer en ce début de troisième millénaire et troisième décennie de ce vingt-et-unième siècle pour que ressorte la bête immonde qui sommeille en chaque peuple.

Car celle-ci n’était sans doute qu’endormie ou, plutôt, tombée dans un coma qui commença en 1945 avec la défaite du nazisme et du fascisme et qui en remis une légère couche en 1989 avec celle du communisme soviétique.

Mais, avec notre cécité légendaire, nous aurions pu constater que la bête immonde bougeait encore comme le démontrait avec tout le cynisme et la violence requise le Parti communiste chinois.

Bien sûr, nous avions encore l’espoir de la terrasser définitivement – notamment en espérant que le régime despotique chinois accepte dans une sorte d’épiphanie démocratique soudaine se saborder lui-même! – puisque le sens de l’Histoire semblait donner raison à la démocratie et à l’humanisme.

Quelle déception!

Non seulement la bête n’était pas morte mais elle n’était même pas dans un coma profond!

Elle était plutôt en hibernation, ménageant ses forces pour, une fois sortie de sa tanière logée dans nos fragiles cerveaux, elle se montre avec sa fourrure toute luisante et sa cruauté réaiguisée.

Les temps sont-ils revenus aux pires moments qui commencèrent, est-ce un mauvais tour de l’Histoire, dans la troisième décennie du 20e siècle?

Et le grand basculement interrompu par l’échec du nazisme et du fascisme pendant la Deuxième guerre mondial et par la soi-disant mort du communisme après la chute du mur de Berlin, est-il en train de reprendre sa marche inexorable?

Les preuves de ce mouvement global qui semble se dessiner dans le monde.

Des totalitarismes qui gagnent du terrain, des autocrates qui prennent le pouvoir dans les démocraties, partout des représentants d’une société autoritaire voire totalitaire qui damnent le pion aux défenseurs de la démocratie républicaine.

Et, la plupart du temps avec l’assentiment et le soutien des populations.

Comme ce fut le cas pour le nazisme et le fascisme et peut-être même le stalinisme et le maoïsme tellement les crapules de Staline et Mao furent pleurer à leurs morts par les Russes et les Chinois.

Cette constatation explique pourquoi Donald Trump est en position de se faire réélire à la tête des Etats-Unis, pourquoi Marine Le Pen est en tête dans les sondages ainsi que son parti le RN en France, pourquoi Orban est toujours au pouvoir en Hongrie, pourquoi Meloni l’a conquis en Italie, pourquoi Wim Wilders va diriger les Pays-Bas, pourquoi Vox en Espagne et surtout l’AfD en Allemagne progressent, pourquoi après un Bolsonaro au Brésil, un Milei a pu se faire élire en Argentine, pourquoi un Modi triomphe en Inde, pourquoi les juntes militaires ont pu s’installer au Mali et au Niger et ainsi de suite, les exemples sont malheureusement trop nombreux.

Et nous parlons ici que de régimes qui étaient ou sont démocratiques, des pays où étaient ou sont encore organisées des élections.

Faudra-t-il encore l’échec dans la violence et le sang dont ils étaient les responsables, pour que ces régimes totalitaires et autoritaires s’effondrent?

Problème: au train, qui s’est largement accéléré, où le grand basculement se déroule, restera-t-il assez de démocraties assez puissantes pour se dresser – encore une fois trop tard pour éviter le pire – contre ce qui semble inéluctable?

Je ne ferai pas ici de politique fiction parce que tout ce qu’il faut dire, redire et clamer ici et maintenant, c’est que le scénario est possible et, sans doute, n’a jamais été aussi possible que dans les années qui viennent.

Alexandre Vatimbella

 

 

12 mai 2024

La liberté n’est jamais négociable

La liberté est au centre de toute organisation de la société.

De la démocratie qui est le système qui l’organise pour qu’elle soit la plus grande possible à la dictature qui la nie, toutes les idéologies politiques se fondent sur leur rapport avec la liberté.

Ce n’est donc pas la démocratie qui fonde la liberté mais la liberté qui justifie la démocratie.

La liberté est la condition de la démocratie et non l’inverse.

D’où cette évidence qui en découle: la démocratie, en aucun cas, n’est légitime à remettre en cause la liberté.

Car la liberté est un droit «naturel» de l’individu.

Dès lors, le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple n’est absolument pas habilité à supprimé la démocratie tout comme il ne peut remettre en cause l’égalité des citoyens devant la loi.

C’est bien la liberté qui est au centre de toute organisation d’une société juste et d’égaux.

Cependant, une autre évidence est qu’actuellement la démocratie républicaine libérale est le meilleur système qui, empiriquement, protège le mieux la liberté en appliquant le principe de réalité sur ce qu’est l’humain aujourd’hui.

Non pas ce qu’on voudrait qu’il soit ou ce qu’il pourrait être demain.

En conséquence, toute idéologie ou mouvement politique contemporain qui se réclame de la liberté se doit d’accepter la démocratie républicaine libérale comme principe fondateur de la société qu’elle souhaite promouvoir.

Et d’accepter que cette liberté n’est jamais négociable.

En résulte que toutes les idéologie et les mouvements politiques qui remettent en cause la démocratie républicaine libérale sont liberticides.

Pour la simple raison que j’énonçais au début: c’est la démocratie qui est la conséquence de la liberté et non le contraire.

Alexandre Vatimbella

 

 

02 mai 2024

La démocratie du 21e siècle condamnée à se «populiser» avant de disparaître?


Le mariage entre marketing et télévision d’abord dans le seconde partie du 20e siècle puis leur ménage à trois avec internet depuis la fin du deuxième millénaire ont-ils abouti à ce que la démocratie se «populise» lentement mais sûrement?

Evidemment, le populisme n’est pas une invention nouvelle, il existe depuis que la politique existe – et son empreinte sur la démocratie dès sa naissance a toujours été une réalité – mais ces inventions – marketing, télévision, internet ainsi que le recours systématique à l’enquête d’opinion dont la plus célèbre est le sondage – ont sans nul doute révolutionné la manière dont le politique s’adresse aux citoyens en modifiant en profondeur son message, son contenu et sa forme et, in fine, sa manière d’agir.

Le marketing a ainsi permis de faire élire un politique comme un savon et a privilégié le slogan au programme élaboré, l’élaboration d’un récit – le désormais fameux «story-telling» plutôt que l’élaboration d’un programme politique cohérent.

La télévision a ainsi permis au «savon» politique d’inonder quotidiennement ses «clients» électeurs des «bulles» de ses promesses avec des images de plus en plus travaillée qui suscitent les émotions nécessaires à l’adhésion à une «cause».

Internet, lui, a permis d’échanger en temps réel sur les qualités réelles ou supposées du «savon» politique et de ses bulles tout en créant des polémiques sans fin et des attaques de bas étage contre les «savons» concurrents qui nettoieraient bien moins et dont les bulles feraient pschitt! Immédiatement.

Sans oublier le sondage qui permet par l’utilisation de ses résultats – on peut faire dire tout et son contraire tant les questions sont parfois totalement orientées – au «savon» de convaincre qu’il est d’accord avec le «peuple» sur la manière de nettoyer le pays (alors qu’il ne s’agit que d’un panel «représentatif de la population française»).

Et, en miroir, la télévision, internet et le sondage sont aussi devenus des outils qui forcent les «savons» politiques à coller au plus près des opinions souvent au relent très populistes qui émanent des interventions d’individus lambdas ou de sondés.

L’union de ces outils a ainsi transformé, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et surtout ces soixante dernières années, la communication des politiques qui a, petit à petit, inclus l’immédiateté et la proximité ainsi qu’un suivisme sur ce que disent les «gens» comme les sondés – personne ne croit un instant les propos de certains d’entre eux qui affirment ne pas gouverner avec les sondages – ou les intervenants sur les réseaux sociaux.

Tout ceci donne sans conteste une prime au discours populiste puisqu’il s’agit en l’occurrence de coller au plus près aux réactions de la population et/ou des militants et sympathisants de telle ou telle formation clientéliste.

Ce qui évidemment amplifie les réactions qui sont épidermiques et émotionnelles, sans parler des agirs violents et des propos insultants.

Cette prise en compte participe grandement à la lente transformation – qui s’est accélérée depuis une décennie – de la démocratie représentative en démocratie populiste. 

La puissance des mouvements populistes radicaux actuels est d’ailleurs une preuve de ce basculement et de sa réussite autant que l’aboutissement d’un processus qui a permis à celle-ci de s’imposer.

Dans cette démocratie en cours de «populisation», les tribuns démagogues qui parlent fort ont un avantage évident et les exemples abondent en ce sens (Jean-Marie Le Pen, Donald Trump, Jean-Luc Mélenchon, Boris Johnson, Matteo Salvini, Erdogan, Viktor Orban, Giorgia Meloni, Marine Le Pen, Eric Zemmour, etc.).

Mais, tout aussi inquiétant, est également la «populisation» des partis politiques qui sont traditionnellement le socle de la démocratie républicaine libérale, ceux qui font partie de l’axe central (des sociaux-libéraux de gauche aux libéraux de droite en passant par les libéraux sociaux centristes).

Aucun n’y échappe, de la Gauche à la Droite en passant par le Centre même si le mouvement ne les a pas encore fait basculer dans le populisme pur et dur.

Peut-on inverser ce mouvement in fine pour la démocratie républicaine?

Personne ne le sait vraiment, ce qui est créateur d’angoisse chez les défenseurs de la démocratie.

Sans doute que des solutions de long terme seraient capables d’empêcher le cours du populisme de contaminer les sociétés démocratiques comme une formation et information citoyennes qui ont jusqu’à aujourd’hui échoué notamment parce qu’on ne s’est pas donné les moyens d’en faire les priorités des priorités.

Aura-t-on le temps de s’atteler à la tâche avant ce qu’on peut appeler la grande régression?

Parce que le jour où la démocratie sera dominée par le populisme, il ne faudra pas longtemps pour qu’il ne la détruise.

Alexandre Vatimbella